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BlendWebMix | Petite histoire d’un handicap invisible

On a parfois, dans une conférence, un coup de coeur. Pour un talk. Pour un speaker. Etonnamment ce speaker là, je le connaissais. Le sujet dont cet article va vous parler c’est le handicap. Pas celui que l’on voit et que l’on connait souvent de loin. Pas celui qui comporte une chaise roulante ou une canne blanche. Celui qu’on ne voit pas. Celui que l’on côtoie, sans le savoir. Sylvain fait partie de mon réseau. Je l’ai rencontré de nombreuses fois. Je le trouvais un peu bizarre (on l’est tous un peu, non?), un peu instable mais riche de connaissances. Je l’ai jugé. Sans savoir (pardon sylvain). Comme on juge du reste tout le monde autour de nous. Et puis j’ai découvert son histoire et celle-ci m’a touchée, m’a fait réfléchir.

Le handicap je l’appréhende de près depuis presque 5 ans (le fils de ma soeur a une maladie rare lourdement handicapante), j’apprends, je découvre, je déconstruis beaucoup de ce que je pensais d’ailleurs car on doit avoir un regard neuf et surtout plus ouvert. Pas de norme, pas de repère mais un petit être spécial que l’on doit aider à grandir et à s’épanouir avec un quotidien pour les parents parfois proche de l’insoutenable… Cela m’a touché aussi parce que notre société de conformité, avec le fil des années, me pèse de plus en plus. Pourquoi devrions nous tous êtres pareils? Pourquoi ne peut on pas donner du temps à chacun de se trouver? Pourquoi ne peut on pas laisser chacun être ce qu’il est?

Alors si vous aussi vous aimez les histoires de zèbre et si vous voulez changer votre perspective sur les personnes qui vous entourent et aussi mieux comprendre comment vous pourriez apprendre à faire mieux pour eux, alors lisez cette précieuse histoire.

Toujours en décalage, jamais stable

« Sylvain est là sans être là ». « Il aime les chiffres et les études ». « Mais il est en décalage permanent ». Déjà enfant, ses professeurs, comme ses parents, le décrivaient ainsi. Un enfant un peu à part. Un enfant avec un drôle d’univers et de drôles de manières. Mais le petit Sylvain, malgré tout est bon élève. Il aime les maths, Il comprend bien. Il finit ses études et intègre donc un univers qui semble lui tendre les bras: la finance.

Il ne comprend pas les règles du monde de l’entreprise et découvre avec le travail une ambiance égocentrique et individualiste. Il se dit alors que la finance n’est pas pour lui et se réoriente vers l’informatique. Il reprend des études. Pensant être plus dans la passion, il se dit que cela ira mieux. Car il adore l’informatique.

Rentre alors chez des éditeurs mais cela ne se passe pas aussi bien que ce qu’il aimait. Il ne reste jamais plus de 8 mois à un poste. Son maximum c’est 388 jours dans une entreprise. Sur 10 ans il a 15 employeurs et à chaque fois c’est pour des raisons humaines que cela clash. Il fait du chômage, s’interroge sur lui.

Il envoi un mini questionnaires à ses ex employeurs pour comprendre ce qui n’allait pas. Il ne s’est pas vraiment quitté en mauvais termes donc tout le monde lui répond. Ce qu’on lui reproche c’est au final un peu toujours la même chose:

  • des problèmes d’efficacité
  • des problèmes d’orgueil
  • des problèmes d’intégration
  • des problèmes d’implicites.

L’efficacité

Pour le problème d’efficacité, il ne souffre pas de sous efficacité mais de sur-efficacité. Il va trop vite et cela déstabilise le management qui ne sait pas gérer. Ils ont de la peine à comprendre quoi lui donner à faire. Sylvain n’arrive pas à imaginer un nouveau travail, à flâner ou à faire semblant. Et ça, les managers n’aiment pas.

L’orgueil

Son problème d’orgueil c’est qu’il a souvent des idées qui dépassent le cadre de son poste (il empiète sur le territoire des autres et cela génère de la friction). Il devrait savoir qu’il n’a pas à se mêler des affaires des autres, même si c’est une bonne idée. Souvent ses idées mettent en péril les autres qui s’en veulent de ne pas y avoir pensé.

L’intégration

Son problème concernant l’intégration c’est que quand il est là, il n’est pas là. Il ne donne pas le sentiment de s’intéresser, d’être impliqué.

Les implicites

Beaucoup de non dits existent dans l’entreprise et pour sylvain, ces non dits, qui ne sont pas dits, sont tout sauf évidents.

La dépression, la détection

Il débute une grosse dépression et se rend compte au même moment que quelqu’un à usurpé son identité. Il se retrouve à faire face à la police, les huissiers et son état psychologique se détériore.

Les spécialistes autour de lui tirent alors la sonnette d’alarme: va voir quelqu’un, cherche pourquoi tu es dans cet état là.

Il est fiché bancaire, n’a plus de job, est dépressif et à de la peine, se sentant exclu de se dire qu’il vaut autant que les autres.

Par rapport aux autres, il se sent bête. Son parcours d’introspection le mène vers des spécialistes et ils se mettent à explorer et à faire faire des tests.

Test de QI, la claque

Premier test, première claque, il est haut potentiel. 145 de Qi. C’est sa pensée en arborescence qui le rend si prolixe à s’égarer et qui explique beaucoup ce décalage qu’il ressent en permanence et la raison de sa sur-efficacité.

Tests suivants, seconde claque

La seconde série de tests donne une nouvelle claque à Sylvain. Il est autiste Asperger. Il a de la peine à s’imaginer être autiste asperger (il ne compte pas les cure-dents, comme Rainman) 😉

A l’échelle de la france c’est 1% des naissances soit 650k personnes en France et 5 million en Europe.

Il découvre un nouveau monde. Le monde des autistes.

Tout le monde est un génie mais si vous jugez un poisson à sa capacité à monter aux arbres, il est persuadé d’être totalement stupide (einstein).

La difficulté des profils atypiques est de trouver l’environnement dans lequel ils peuvent s’adapter. Le handicap des personnes asperger n’est pas l’autisme mais leur environnement.

C’est un handicap invisible mais dès que l’on adapte l’environnement, on se rend compte que la personne n’est plus en situation de handicap.

La difficulté de ce handicap c’est que l’on peine à comprendre ce qu’il faut faire car on ne voit pas (pas de chaise roulante…). Il suffit pourtant de poser des questions dans la plupart des cas car les gens sont en mesure d’expliquer ce qui leur est difficile.

Comprendre l’autisme

« sylvain est une mine d’or mais son accès est difficile ».

L’asperger n’est pas politique, dit ce qu’il pense en toute circonstance, il est factuel et peu émotionnel (pas d’irrationnel). Il est foncièrement honnête. Il est très concentré et n’a pas d’intérêt aux à-côtés (pas très social). Il n’aime pas le bavardage, les réunions, il est orienté sur ses résultats. Il ne va pas interagir spontanément car il ne comprend pas les implicites (si vous applaudissez sans qu’il comprenne pourquoi, il n’applaudira pas et ne pensera pas qu’il doit).

La plupart des choses qui sont innées chez les gens normaux (rythmes de vie, implicites…) ne sont pas acquis chez les autistes. Pour l’asperger, ces normes, ces évidences font l’objet d’un apprentissage.

Un Asperger est un autiste un peu atypique, même si certains de ses troubles se retrouvent chez les autistes (par exemple les implicites) car il cumule le fort QI et des syndromes autistiques*.

Mais comme les autistes asperger sont assez intelligents, si on prend la peine de leur expliquer, de leur apprendre, ils avancent vite. Pour eux le nouveau et l’apprentissage sont des zones de confort. C’est leur quotidien car pour eux tout est nouveau.

Quand un asperger aime quelque chose, il le fait à fond. Il va avoir de la peine à s’arrêter car il n’a pas de notion de l’espace temporel. Votre faciès qui monte que vous en avez marre, ne vont pas lui parler. Quand c’est une passion pour lui, il va vous en parler des heures. Un passionné va rapidement devenir un expert dans son domaine.

Aider un profil atypique c’est comprendre

Dans la majorité des entreprises, les gens ne s’aident pas naturellement. Les asperger qui vivent la gène et la difficulté de manière permanente vont avoir plus de facilité à aller vers les autres (paradoxalement). Ils font souvent de bon coach car comme l’implicite ne leur parle pas, ils vont tout expliquer.

Leur abstraction de l’émotionnel peut être un atout (il donnera un avis factuel) mais ce sera à manager avec prudence (attention aux réactions émotionnelles). Lorsqu’il sera dans la passion par contre, il va devenir très émotionnel.

Beaucoup de personnes en entreprise se sentent mal et subissent leur environnement pourtant vous pouvez aider. En comprenant comment le mental peut les tyranniser en en adaptant vos attitudes vous leur faciliterez la vie (et cela facilitera aussi grandement celle des non-autistes).

Les 3 aspects de tyrannie du mental

  • Le mental est négatif (biais de négativité). Dans l’hypothèse d’une journée, quand quelqu’un vous dit « ce serait bien qu’on se voit » l’esprit se met à se dire que la raison sous-jacente à cette convocation est un scénario négatif.

> il faut accompagner les managers dans la bienveillance et anticiper ces biais afin de pouvoir éviter cette tendance au négatif des personnes de son équipe. Il faut éviter les zones d’incertitude et se montrer explicite: dites pourquoi vous voulez le voir afin de ne pas laisser leur esprit remplir les blancs (en négatif).

  • Le mental est compulsif. On a environ 60’000 pensées par jour en moyenne. Le mental a tellement d’idées qui passent qu’il se décharge. Dès qui se passe quelque chose, il vous le dit. C’est ce flot compliqué que l’on essaie de tamiser quand on fait de méditation.

> Le manager calme aide beaucoup à apaiser ses équipes. Il faut apprendre à garder ses idées pour soi et puis écouter les autre, bichonner ses équipes. Cela aide ses équipes à mieux gérer leur mental et à éviter de se laisser déborder par ce mental compulsif. On peut par exemple avoir une personne qui peut décharger de ces aspects stressant (prendre un rdv). Il faut encourager le manager fair-play.

  • Le mental est intérieur. On garde en soit toutes nos idées alors que si on les exprimait à l’extérieur de nous, cela nous aiderait à diminuer à charge car dans la plupart des cas, ces problèmes sont triviaux. C’est l’intériorité et les implicites qui font prendre de l’ampleur à ces idées.

> lorsque le manager utilise des méthodes participatives, incitant les personnes à s’entraider, cela peut contribuer à diminuer considérablement cette charge.

Au lieu d’user ces personne, on peut, si on adapte l’environnement, les aider à s’épanouir et à contribuer de manière très positive à l’entreprise et aux équipes.

Pensez aux poissons que vous avez posé au pied d’un arbre.

Aujourd’hui Sylvain Briant utilise toutes ces compétences pour coacher les entreprises pour leur apprendre à gérer leurs 1% de profils atypiques.  Alors n’hésitez pas à faire appel à lui, il a beaucoup à vous apprendre (Taulktisme.com).

Cher Sylvain, cette histoire, ton histoire, est touchante, un peu triste (car on t’a laissé dans l’errance trop longtemps) mais au final très positive. Elle nous renvoie à notre tolérance, à notre patience, à notre ouverture et c’est une bonne chose. Alors merci d’avoir eu ce courage de nous ouvrir les yeux et merci pour ce que tu fais maintenant. Belle suite à toi!

*L’autisme est un ensemble de troubles qui affectent le comportement des personnes concernées. Les autistes Asperger sont une des catégories d’autistes mais ne représentent pas l’autisme en général. Il y a presque autant d’autisme qu’il y a de personnes alors attention à ne pas faire d’amalgame entre l’Autisme et cette variante là. Si vous voulez en savoir plus voici le lien de l’association Suisse.

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