Faut il modérer un blog d’entreprise ?
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Faut il modérer un blog d’entreprise ?

Lorsque l’on se pose cette question c’est que les choses sont déjà en bonne voie. Cela signifie que l’entreprise a décidé de faire un blog 😉 Bien entendu les vieilles peur ressurgissent et rapidement, la question de la modération apparait. Il existe deux façons de modérer :

  • La modération a priori – signifie que toute contribution, avant d’être publiée sur le site fera l’objet d’une « validation » de l’auteur ou du responsable du blog. Il ne publiera alors que les contributions qu’il estime valable pour son site.
  • La modération a postériori – signifie que les contributions sont mises en ligne sans condition préalable. Le responsable qui estimerait alors qu’une contribution serait inadéquat pourrait alors se réserver le droit de dépublier la contribution incriminée.

Quels sont les critères qui peuvent justifier que l’on dépublie une contribution ? Il existe les raisons évidentes :

  • Spam
  • Diffamation
  • Propos insultants ou discriminanatoires (racistes, homophobes etc…)

Abus de liens (une billet qui a pour seule motivation de faire un lien), désaccord avec les propos ou propos jugés hostiles sont les autres raisons qui peuvent pousser à ne pas publier.

Comment déterminer quelle modération choisir ?

Je crois qu’il faut distinguer un blog interne tout d’abord d’un blog externe. Le blog interne Un blog interne signifie qu’il sera visible uniquement dans l’entreprise et par les employés.

Par définition donc, seuls les employés seront amenés à être contributeur. Habituellement, leurs contributions seront même signées (pas de contributeur anonyme car l’employé doit s’identifier pour publier).
Par conséquent les risques de spams ou d’abus de liens sont nuls (car pas ouvert sur l’internet), et les cas de discrimination, diffamation ou d’insulte infimes car la personne qui commettrait de telles allégations prendrait le risque de graves sanctions professionnelles (telles que prévues dans le règlement interne de l’entreprise).

L’expression d’opinions défavorables, hostiles ou le déversements de flots d’émotions (par exemple dans le cadre de désaccords) de manière publique représente cependant la cause numéro 1 d’angoisse des dirigeants.

Le blog public Aux problématiques de contenus abusifs (spam etc..) ou malveillants, s’ajoutent les débats qui peuvent s’enflammer ou dégénérer et dont la portée publique a de quoi réfréner tous les dirigeants hésitants. Viennent d’ajouter également les problématiques d’anonymat, qui ont su mettre à mal les plus experts (Loic Lemeur fermait ses commentaires sous la déferlante d’insultes en tout genre). Selon que le blog soit interne ou public, il ne pose pas les mêmes questions.
Le blog public expose plus l’entreprise à une diversités de comportements.
Le blog interne, parce qu’il est également régit par le règlement interne de l’entreprise, expose moins l’entreprise. Par ailleurs, il engendre des conversations d’une nature très différentes car les contributeurs se connaissent, sont liés par un contrat de travail et enfin, agissent dans le cadre d’une structure hiérarchiquement organisée.

Pourquoi la modération n’est pas la solution

  • Raison N°1 Ce n’est pas parce que vous empêcherez les gens de s’exprimer qu’ils ne le feront pas. Museler les esprits rebelles ne peut que les inciter à pousser plus loin pour s’exprimer. Ce qui dans le cas de conflit peut ajouter considérablement à l’evie que les choses prennent de l’ampleur.
  • Raison N°2 – Le principe même du blog et de créer des conversations. En modérant à priori, vous signifiez à votre interlocuteur que vous n’attribuez pas assez de confiance à sa participation. Vérifier avant de valider, produit un sentiment de méfiance tel qu’il péjore la nature même de votre conversation. Dans le cas du blog interne en particulier cela envoi un bien piètre message aux employés.
  • Raison N°3 – Qui dit modération dit donc un délai entre la contribution et la publication. Plus le blog est actif et plus la quantité de temps pour modérer le contenu risque d’être importante. Cela signifie donc que l’on perd l’aspect instantané de la conversation, ce qui est un élément dissuasif supplémentaire.
  • Raison N°4 – Au nom de quoi la personne en charge de la modération décidera-t’elle si un commentaire est publiable ou pas ? Si on veut modérer il faut expliquer ce qui sera accepté ou pas et ne pas en dévier. Il faut une charte. Si le processus de publication est opaque, il provoquera à coup sûr de l’hostilité et de la frustration.
  • Raison N°5 – Il y a toujours des prémisses à un débordement. Il n’y a pas d’orage dans un ciel bleu. Les débordements couvent généralement et les identifier et les désamorcer est plus souhaitable que de les ignorer (voire raison N°1).

La modération, si elle semble être une solution à priori, n’en est pas une. Le principe de la modération n’est qu’un subtil mélange d’opacité, de frustration, de méfiance… bref l’opposé même du principe de spontanéité et d’authenticité du blog* (*pour les esprits chagrins qui nommeraient le blog interne, intranet communautaire ou collaboratif, c’est la même chose:D).

La charte, une saine solution Parce que la modération décourage les conversations, je pense que la modération est contre-productive. Ne pas modérer ne signifie pourtant pas qu’il ne faille rien faire, et tout accepter. Ce qui fixe les limites, c’est ce que l’on appel une charte. Je crois personnellement très fort à l’utilisation d ‘une charte sur les blogs d’entreprise.
C’est une manière simple de donner les règles de fonctionnement tout en délivrant un message positif. Parce que vous faites confiance dans la capacité des individus à juger ce qui est souhaitable et productif, vous pouvez alors (parce que vous en avez fixé les limites, vous dispenser de modération. Cette transparence dans l’établissement des règles, cette confiance à priori, l’absence de modération ainsi que les incitations à contribuer me semblent aller plus dans l’intérêt des entreprises.

C’est d’ailleurs ce que Loic Lemeur finit par faire sur son blog, après plusieurs moi de réflexion et la réouverture de ses commentaires.
Une charte interne et une charte externe ce n’est évidemment pas la même chose. Je vous proposerais prochainement propose un guide pour la réalisation de ces chartes si cela vous intéresse (ne pas hésiter à donner vos coordonnées dans les commentaires). Créer une charte pour un blog interne

Conclusion
Pas de modération, une charte…est-ce que les peurs des dirigeants s’envoleront pour autant ? Ce n’est pas sûr. Le blog peut faire peur pour bien d’autres raisons.
En interne il va challenger l’organisation, à l’externe il pourra mettre en péril la communication de l’entreprise ou générer des tensions. Il faut bien comprendre qu’on ne se lance pas dans un blog comme cela.
Ce n’est pas un simple outil de publication mais un nouveau mode de management. Il faut vouloir mais aussi pouvoir agir et réagir autrement. Il faut être accompagné également et surtout procéder par étape.
Bref en toute chose, je conseillerais de la mesure et de la réflexion.

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